Rencontre avec les lions dans le parc de Kgalagadi. Parc transfrontières : Namibie, Afrique du Sud et Botswana
Les yeux dans les yeux,
Le soleil se levait embrasant l’horizon, les acacias devenaient ombre chinoise au-dessus d’une savane qui s’animait.
Nous venions de terminer notre petit-déjeuner dans la douce lueur du Petit-matin. Cela permettait, à cette heure matinale, 5h30, de prendre corps tranquillement avec la réalité.
Tout en mangeant mes tartines, mon regard se perdait sur le paysage, sur ce pan – lac asséché depuis de nombreuses années - celui-ci avait perdu sa croûte blanchâtre, tout au moins elle s’était recouverte au fil du temps d’une végétation rase qui lui donnait des couleurs irréelles. Tout au bord, deux acacias, tels des vigiles pour un monument historique, veillaient.
Nous avions déjà ramassé table et chaises, fait la vaisselle et nous nous apprêtions à démonter les tentes, lorsque l’un de nous à crié : Un lion arrive par le pan ! Mes neurones vite en action, mes jambes aussi, j’ai extirpé mon appareil photo de mon sac et je me suis positionnée devant l’abri. Mes compagnons avaient disparu sans que je ne m’en aperçoive. J’étais seule à cette place privilégiée. Je voyais ce lion s’approcher du campement, bon pas, mais sans accélération excessive. Il savait où il allait et ne se préoccupait de rien d’autre. Chacun de ses pas le rapprochait de moi. Il est arrivé en bordure de notre emplacement. Il a contourné l’acacia. Son odorat aiguisé a détecté ma présence. Il a stoppé. Il était à moins de vingt mètres. Il a tourné la tête vers moi et n’a plus bougé. Nous nous faisions face. Il me fixait. Mon regard plongeait dans ses grands yeux, le sien me pénétrait. L’instant était magique, La communion intense. Nous dialoguions en silence. J’étais fascinée. Comme si nous étions seuls à l’intérieur d’une bulle. Je n’entendais plus mon cœur battre, ni mes poumons respirer. Seuls mes sens me rappelaient que j’étais bien là, sur terre. Je ne pensais plus à appuyer sur le déclencheur de l’appareil photo que je tenais à bout de bras. Aucun soupçon de peur, pas la moindre inquiétude. Dans cette paix totale. Nous partagions, une vraie, une belle connivence. Devant ce grand seigneur, les yeux dans les yeux, je restais zen ! Je ne ressentais qu’un grand bonheur qui m’inondait de l’intérieur. Mes mains me picotaient, frustrées de ne pouvoir s’approcher plus, de ne pouvoir le toucher. J’aurais voulu sentir sa chaleur, respirer son haleine, me lover contre lui, m’en faire un ami. Tout mon corps n’aspirait qu’à ça et mon esprit, comme un chien en laisse, inconsciemment me retenait.
Après ce temps indéfini, Il s’est retourné et a poursuivi son chemin.
Adieu l’ami !